Un peu d’Histoire
L’histoire de la commune est liée à celle de l’abbaye. Robert d’Arbrissel, né vers 1045 à Arbrissel, paroisse des environs de La Guerche de Bretagne, maître en théologie, il enseigne à Rennes puis à Angers. En 1094, devant l’évolution des mœurs, (la vogue était alors à l’érémitisme dans les forêts qui couvraient les marches de Bretagne, tant au nord qu’au sud de l’actuel département de la Mayenne) il décide de vivre en ermite dans la forêt de Craon. En 1096, le pape Urbain II prêche la croisade à Angers. Robert d’Arbrissel par l’intercession de l’évêque de cette ville est reçu par le Saint-Père, de même que Renaud le Bourguignon, seigneur de Craon, et ses fils. Ce dernier consent donner à l’ermite 140 hectares de la forêt de Craon pour y construire une abbaye.
Une communauté se forme auprès de l’ermite. Les cellules sont disposées en cercle autour de l’église, tout comme se fait en rond le défrichement nécessaire à la vie des religieux. C’est là l’origine de la roue des armoiries des abbés de La Roë. Le 25 avril 1098 a lieu la consécration de la nouvelle communauté sous la double invocation de la Vierge et de saint Jean l’Évangéliste. Geoffroy de Mayenne consacre le premier autel et bénit le cimetière.
Renaud le Bourguignon, présent, fixe les limites de la paroisse Notre Dame de Sainte-Marie-du-Bois. Les moines dirigent les défrichements autour de l’abbaye. Le plan parcellaire montre encore actuellement que ces travaux décrivent une forme circulaire qui est symbolisée par la roue du blason.
La règle est celle de saint Augustin. La communauté sylvestre connaît quelques démêlés avec les forestiers, maîtres naturels des lieux. Ceux-ci étaient hébergés à l’abbaye, trois fois par an, et les moines s’engageaient à soigner leurs malades.
En 1116 et 1123, Hugues de Craon, fils de Maurice 1er, construit le château à motte de Peltrée situé à 750 mètres de l’abbaye. Maurice II fait aménager le chemin. de La Roè à La Guerche-de-Bretagne, la position de Peltrée permettant d’en contrôler le trafic, La chapelle Saint-Georges est édifiée à l’intérieur du château de Peltrée avant 1184, Maurice II en a fixé l’emplacement. En 1790, lors de la formation des cantons, La Roë est chef-lieu pour les communes de Ballots, Brains-sur-les-Marches, Fontaine-Couverte et Saint-Michel-de-La Roë.
L’église, achevée en 1137, est dédicacée en 1140. Robert d’Arbrissel était déjà parti fonder une nouvelle communauté, à Fontevrault, faite de deux abbayes jumelles: une pour les hommes et l’autre pour les femmes.
L’abbaye de La Roë se développa rapidement et compta une soixantaine de prieurés en Bretagne,A Anjou et Maine. Elle a accueilli Louis XI en 1472, a été ravagée par les protestants en 1562, puis pillée en 1572. Le régime de la commande lui est imposé en 1533. Elle connaît un regain de splendeur aux XVIIe et XVIIIe siècles et c’est alors qu’ont été construits les grands bâtiments qui existent encore.
Les moines quittèrent l’abbaye au début de la Révolution. En 1790 elle n’abrite plus que neuf moines. C’est alors que l’abbaye, vendue, est partiellement démolie. Le 3 avril 1796, l’abbaye est dévastée, les manuscrits brûlés, le cartulaire miraculeusement sauvé est actuellement le plus ancien document des Archives départementales de Mayenne.
La fondation de l’abbaye des Génovéfains a une influence considérable sur l’évolution du territoire qu’elle domine. De plus, les prieurés – 21 prieurés-cures et prieurés simples en 1135 – étendent son pouvoir sur différentes paroisses. Les moines dirigent les défrichements afin d’obtenir des terres arables et augmenter la production agricole. De cette époque, il subsiste dans la toponymie de nombreux noms de lieux finissant par « ière » et « erie ». Les moines utilisent une forge à l’Oulerie, ferme commune de Congrier. Non loin de là, ils exploitent l’ardoisière de La Roche-Charbonneau, considérée comme la plus ancienne carrière de schiste ardoisier du bassin Renazéen. En 1692, l’abbaye possède 52 métairies, 30 closeries, quatre moulins et deux bois, le tout représentant une superficie de 1100 hectares, ces biens produisant un revenu de 11 000 livres. Pendant la Révolution, les religieux sont dispersés et leurs biens vendus.