L’Abbatiale

L’ Abbatiale

L’église romane qui se construit à partir de la fondation des chanoines réguliers de la Roë, se compose d’une longue nef de sept travées et de cent pieds de long, simplement couverte d’une charpente. La nef ouvre sur un transept très saillant par deux passages latéraux et sur la croisée, couverte d’une tour de clocher. Chaque bras est doté à l’Est d’une absidiole orientée et le chœur lui-même se compose d’une abside.

Cet édifice sera dédicacé le 9 août 1137, mais les travaux se poursuivent pendant quelques décennies encore. En effet, les bras de transept et la croisée seront couverts de voûtes à croisée d’ogives de type angevin reposant sur des colonnes à chapiteaux feuillus. Sculpture et profil de voûte indiquent clairement que ces travaux datent des années 1150-1165.
L’abbaye de la Roë étant la première de l’ordre de saint Augustin fondée dans la province ecclésiastique de Tours, elle règne sur tout un réseau de prieurés et de paroisses situé principalement en Anjou, Maine et Touraine.
A l’extrême fin du XVe et au début du XVIe siècle, les baies des trois dernières travées de la nef et du transept sont agrandies et dotées de réseau à rem plage flamboyant. Sous la cinquième baie de la nef, côté Nord, une chapelle mariale est élevée, portant les armes de Guy Le Clec, abbé de 1493 à 1523. Le chœur est reconstruit et doté de deux travées droites terminées par une abside à pans coupés. Éclairé par des vitraux de grande qualité, le sanctuaire accueillait un ensemble de soixante-dix stalles réalisées au début du XVIe siècle.
Pendant les Guerres de Religion, l’église et l’abbaye sont pillées par les Protestants le 7 juillet 1562 et le 22 mai 1572.
Une première campagne de restauration a lieu au début du XVIIe siècle, accompagnée de l’achat et de l’installation du mobilier. Pour ce faire, la partie basse des piles de la croisée est découpée, affaiblissant la structure. La seconde campagne de travaux concerna les bâtiments conventuels dont la reconstruction se déroula entre 1700 et 1706 sous la direction de l’architecte Sébastien Simonneau.
Une montrée de 1699 signale que les couvertures de l’église sont alors en ardoises. Les gravures anciennes du XVIIIe siècle montrent que la tour de croisée était coiffée d’une haute flèche en bois ardoisée.
En 1795, la flèche et le chœur largement éclairé de grandes baies gothiques s’effondrent. Ni l’un, ni l’autre ne seront reconstruits; au contraire, les murs ruinés du chœur servent de carrière de pierre. Seuls les murs de la première travée du sanctuaire gothique sont conservés afin de servir de contreforts à la tour de croisée très fragilisée.
L’espace liturgique est déplacé alors sous la croisée de clocher et désormais fermé à l’Est par un mur. La tour de croisée est alors couverte d’une toiture à deux versants surmonté d’un petit clocheton En 1840, dans son rapport, l’inspecteur des monuments historiques de la Sarthe, M. Tournesac signale que la couverture en pierre de la tourelle d’escalier qui conduit à la tour de clocher est en mauvais état et mériterait d’être refaite en ardoises. Il précise également que la voûte du bras Sud de transept est en très mauvaise état et présente de nombreuses lézardes. Après restauration des murs et suppression de plusieurs percements, elle sera remplacée par une voûte en brique dans le courant du XIXe siècle.
Quelques années plus tard, grâce au rapport de Tournesac, l’église est classée Monument Historique sur la liste de 1846.Les bâtiments abbatiaux seront inscrits à l’inventaire supplémentaire le 29 novembre 1974.
DESCRIPTION DES CHARPENTES ET COUVERTURES
On accède aux combles par une escalier à vis placé dans une tourelle située dans l’angle du bras Sud du transept et du chœur Chaque façade de la tour de clocher est percée d’une petite porte qui donne accès aux différents volumes de combles, à l’exception de la façade orientale dont le passage a été muré probablement suite à l’effondrement du chœur
La tour de clocher
Émergeant des toitures des bras de transept et de la nef, la croisée de clocher a conservé son soubassement roman composé de quatre façades éclairées au Nord, Sud, Est et Ouest de quatre baies plein cintre aujourd’hui dépourvues d’abat-son. Après la chute de la flèche du clocher en 1795, les façades Est et Ouest ont été rehaussées de façon à constituer des pignons pour porter une charpente à deux versants.
Chacun des pignons ainsi constitués s’éclaire d’un petit œil-de-bœuf.
Au-dessus de la voûte sur croisée d’ogives de la croisée, se trouve le beffroi recoupé par un plancher intermédiaire. Ce beffroi soutient trois cloches dont une remonte au milieu du XVIIIe siècle et est classée au titre des objets mobiliers depuis le 09 août 1942.
La charpente du clocher se compose actuellement d’une ferme principale à chevrons et arbalétriers soulagée par des aisseliers et un entrait gainé de plaques métalliques relié à un poinçon. Le reste de la charpente est compose de chevrons et pannes, sous-faitage et contrefiches. L a couverture en ardoises fines est posée au crochet sur la volige.
Le bras Nord de transept
Le bras Nord présente vers l’Ouest une face aveugle. Son pignon Nord est largement éclairé d’une baie à remplage flamboyant du début du XVe siècle. Le mur de façade orientale montre les traces d’arrachements et de bouchements en partie basse, correspondant à l’ancienne absidiole détruite. En parties hautes, on devine encore deux petites baies romanes.
À l’intérieur, la voûte bombée sur croisée d’ogives affiche toutes les caractéristiques d ‘une voûte du début du Xlle siècle, tel qu’on les construisait dans le domaine angevin sous la domination Plantagenêt.
Afin de protéger la voûte du bras Nord de transept, la charpente en place se compose de trois fermes maîtresses à entrait, poinçon, entrait retroussé, chevrons et arbalétriers. Les fermes secondaires sont constituées de chevrons et entraits retroussés. Des pannes et un sous-faitage viennent raidir longitudinalement la structure qui repose sur un rang unique de sablière. De nombreux chevrons (les trois quarts) sont des pièces anciennes en remploi; elles ont de toutes évidences été retournées ainsi que le montrent les traces de clous. D’autres présentent des marques de charpentiers. D’autres bois mal équarris attestent d’une mise en œuvre moderne (XVIIIe ou XIXe siècle).
Contre les murs Sud et Nord du bras Nord de transept, se lisent des solins en pierre destinés à couvrir une toiture plus basse que celle en place, mais dont la pente de 40 0 écarte l’utilisation de la tuile creuse.
De ce côté ci, les maçonneries des pignons ne conservent pas de traces de matériaux de couvertures anciennes fichées.
La volige porte une couverture en ardoises fines posées au crochet (remaniée en 1952-1953).
Le bras sud du transept
La façade Ouest du bras Sud du transept ne possède qu’une porte refaite au XIXe siècle; son pignon Sud est éclairé d’une fenêtre plein cintre de style néo-roman créée lors des restaurations de la fin du XIXe siècle et surmontée d’une petite baie de combles de la même époque. Contre la façade Est s’appuie une petite sacristie, construite après 1841, puisque n’apparaissant pas sur le cadastre napoléonien.La voûte qui couvre le bras Sud est un ouvrage de briques, mis en œuvre au XIXe siècle, en remplacement d’une voûte sur croisée d’ogives du Xlle siècle, trop fragilisée par des lézardes pour être conservée ou restaurée. La charpente du bras Sud de transept se compose de chevrons de petite section, posés sur un rang unique de sablière, portés par deux rangs de pannes par versants et un sous-faîtage fichés dans la maçonnerie des pignons. Un court poinçon relie un entrait retroussé reliant le tiers supérieur des chevrons.Les pignons ne possèdent pas de traces de solins en pierre comme dans les combles du bras Nord, mais on aperçoit dans le mur Nord un ancien solin plus bas que L’actuelle toiture et constitué de tuiles plates clairement fichées dans la maçonnerie. C’est donc en tuiles plates et non creuses que pouvait être couvertes les bras de transept de l’église à l’époque romane. L’ardoise aurait été imposée lors du chantier du début du XVIe siècle.
La charpente est aujourd’hui protégée d’une couverture en ardoises fiches posées aux crochets datant du début du XXe siècle (vers 1921-1922).
Enfin, la nef est couverte d’une charpente à chevrons formant ferme masquée par un lambris. Les fermes maîtresses, autrefois au nombre de dix se composent d’entraits moulurés reposant sur des doubles rangs de sablières, masquées par une muraillière moulurée. Ce dispositif qui date vraisemblablement du début du XVIe siècle se complète d’arbalétriers, de jambettes et d’aisseliers courbes et d’entraits retroussés. Les poinçons qui reliaient les entraits et les entraits retroussés ont été déposés, et il ne reste aujourd’hui que des traces: mouluration de l’entrait, entaille en queue d’aronde dans l’entrait retroussé. Leur dépose a entraîné le dévers des murs gouttereaux, dévers que l’on a tenté d’enrayer avec la pose de tirants métalliques.
En partie haute, au-dessus de l’entrait retroussé, la charpente, largement remaniée au XIXe siècle, comprend un poinçon, un faîtage et sous-faîtage, des arbalétriers et chevrons ainsi que des pannes. Les fermes secondaires sont constituées d’arbalétriers, de jambettes et d’aisseliers, d’entraits retroussés, contrefiches, sous-faîtages, faîtages et pannes.